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Les Canadiens se privent de belles économies en négligeant de renégocier leurs taux hypothécaires

Un sondage récent, mené par Professionnels hypothécaires du Canada, met en lumière un comportement déroutant des propriétaires. Lors du renouvellement de leur emprunt immobilier, ils omettent de négocier les taux, alors même que la majorité fait face à des conditions plus onéreuses.

Confrontés à la flambée des prix, les Canadiens adaptent leur comportement d’achat. Ils traquent les promotions, optent pour des marques moins onéreuses, modifient leurs habitudes alimentaires. Paradoxalement, beaucoup renoncent à une économie substantielle sur leur principale dépense : le crédit immobilier.

Un sondage récent, mené par Professionnels hypothécaires du Canada, met en lumière un comportement déroutant des propriétaires. Lors du renouvellement de leur emprunt immobilier, ils omettent de négocier les taux, alors même que la majorité fait face à des conditions plus onéreuses.

L’enquête dévoile que 41 % des emprunteurs souscrivent sans broncher au taux avancé par leur créancier, contre 37 % deux ans auparavant. Seuls 8 % affirment avoir âprement bataillé lors de la renégociation, une proportion en chute libre par rapport aux 16 % de 2021.

« On aurait pu s’attendre à ce que les gens mettent les prêteurs en concurrence plus que jamais, vu le choc des renouvellements », s’étonne Robert Jennings, courtier hypothécaire à St. John’s, sur la côte est de Terre-Neuve. « Les taux hypothécaires ont presque doublé depuis le deuxième semestre de 2019 où ils étaient nettement inférieurs à 3 %.

Les Canadiens se privent de belles économies

M. Jennings juge désolantes les données de PHC. Les Canadiens, dit-il, pourraient pourtant réaliser de belles économies en collaborant avec un courtier ou en magasinant pour un meilleur taux. Beaucoup ignorent sans doute la possibilité de négocier les taux, suppose le spécialiste. Il pointe du doigt les banques, plus agressives, qui contactent très tôt les clients pour les enchaîner à des taux supérieurs à ceux du marché. Une pratique discutable qui coûte cher aux emprunteurs mal informés.

« Certains banquiers iraient même jusqu’à dire : “Voici votre offre de renouvellement, si vous trouvez un meilleur taux, dites-le-moi et j’essaierai de vous en offrir autant“ », avance M. Jennings. « Jugez-vous éthique ce comportement ? Vous dites à une personne : “Écoutez, ce produit dépasse sûrement votre budget. Mais nous vous l’offrirons malgré tout, sans vous proposer notre meilleur tarif, sauf si vous dénichez une offre plus avantageuse ailleurs.” Choquant, non ? »

M. Jennings trouve ironique le comportement des Canadiens. Ils passent des heures au téléphone à négocier âprement avec leur opérateur pour grappiller quelques dollars sur leurs abonnements mensuels. Pourtant ils ignorent qu’ils devraient agir de même avec leur crédit immobilier. Les banques, comme les télécoms, réservent leurs meilleurs plans aux nouveaux clients. Il y a donc souvent une offre plus avantageuse à dénicher auprès de la concurrence.

« Adoptez la bonne attitude lors du renouvellement de votre prêt hypothécaire. Dites-vous : “Je vais vraiment changer de prêt”, plutôt que : “Je veux rester fidèle à ma banque”. Indignez-vous des taux d’intérêt proposés. »

Comment la comparaison des taux pourrait faire économiser des milliers de dollars aux emprunteurs

Un changement de prêteur peut générer des économies substantielles. Prenons l’exemple d’un emprunteur détenant un prêt hypothécaire de 450 000 $ à taux fixe amorti sur 25 ans, à renouveler après cinq ans. Selon Nolan Smith de TMG Oceanvale Mortgage & Finance, basé à Nanaimo en Colombie-Britannique, les taux d’intérêt actuels pour ce type de prêt oscillent entre 4,79 % et 5,5 %. Une différence de taux qui peut se chiffrer en milliers de dollars d’économies sur la durée du prêt.

« Changer de voie vous fera économiser 170 $ par mois. Cette somme correspond à votre facture de gaz ou couvre une partie de vos courses. En plus de cette économie mensuelle de 170 $, soit 10 000 $ sur cinq ans, vous rembourserez 5 000 $ de capital supplémentaire à la fin de votre nouveau prêt. [in total], votre gain s’élèvera à 15 000 $. Le changement en vaut la chandelle. »

La peur et l’incertitude pourraient être à blâmer

M. Smith affirme que les Canadiens refuseraient un paiement plus élevé s’ils avaient conscience d’une meilleure opportunité. Selon lui, nombreux sont ceux qui agissent par crainte. Il attribue ce comportement aux récentes nouvelles alarmantes sur les taux de renouvellement des prêts hypothécaires. Cette couverture médiatique négative terroriserait les emprunteurs, les poussant à saisir la première proposition.

« Quand la peur s’empare des esprits, les gens se raccrochent à leurs certitudes, analyse M. Smith. Cette angoisse expliquerait leur docilité face aux directives de leur institution financière. »

Un récent sondage Léger révèle qu’une majorité d’emprunteurs hypothécaires canadiens, soit 60 %, se sentent financièrement éprouvés. Cette proportion grimpe à 68 % chez les 18-34 ans. Alors que les conditions économiques se durcissent, Ron Butler, de Butler Mortgages à Toronto, avance une explication. Selon lui, la peur de renégocier découlerait de l’appréhension de repasser au crible de l’analyse de crédit.

« Difficile d’écarter cette hypothèse », admet M. Butler. Cependant, il distingue l’insouciance de la peur du refus. Pour lui, les gens ne sont pas indifférents. C’est la crainte d’essuyer un non qui les paralyse. Terreur du rejet, plus qu’apathie. »

Les conclusions de l’enquête surprennent par leur caractère contre-intuitif. Elles indiquent que les Canadiens négocient moins dans un contexte de hausse des taux d’intérêt. Résultats si déconcertants que M. Butler peine à y adhérer.

« Je doute que quiconque accepte aujourd’hui avec enthousiasme la première offre de son prêteur, affirme M. Butler. Selon lui, ces résultats découlent d’une mésinterprétation de la question. »

M. Butler conteste les données du sondage. Son expérience lui montre au contraire que les emprunteurs négocient plus que jamais. Beaucoup finissent cependant par renouveler avec leur prêteur initial, une fois qu’il aligne son taux sur les offres concurrentes.

MM. Butler, Smith et Jennings insistent sur l’importance de s’informer, de comparer et de s’adjoindre les services d’un courtier pour dénicher la meilleure offre. Selon eux, ces démarches sont cruciales.

Ils recommandent de s’entourer d’un professionnel qui saura explorer toutes les possibilités. « Comparez tous azimuts, en ligne, auprès d’autres banques », exhorte M. Butler. Internet regorge d’informations sur les taux hypothécaires. Quelques clics suffisent pour confronter conditions et tarifs. Alors, pourquoi s’en priver ? »

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Last modified: juin 12, 2024

Journaliste indépendant et conférencier torontois, Jared Lindzon possède une plume recherchée par les plus prestigieux médias. Ses articles paraissent dans le Globe & Mail, Fast Company et TIME Magazine, mais aussi dans le New York Times, Rolling Stone, The Guardian et Fortune Magazine.

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