Après deux mois en berne, les obligations canadiennes renouent avec des rendements à la hausse.
Après avoir atteint leur point le plus bas de l’année le mois dernier, les rendements des obligations du gouvernement du Canada, qui influencent les taux hypothécaires fixes, ont bondi de plus de 30 points de base, soit 0,30 %.
En date de mardi, le rendement des obligations à 5 ans du GdC — qui évolue à l’inverse des prix des obligations — est passé au-dessus de 3,60 %, un sommet de deux semaines. Et aux États-Unis, le rendement des bons du Trésor à 10 ans a également atteint son plus haut niveau depuis la mi-juin.

Sur quoi carbure la hausse des rendements obligataires ?
Les taux d’inflation ont ralenti au Canada et aux États-Unis, ce qui a fait baisser les rendements obligataires pendant ces derniers mois. Ce revirement serait attribuable, selon les experts, à divers facteurs.
La piètre performance de Joe Biden lors du débat présidentiel de la semaine dernière pourrait pousser les investisseurs à envisager une victoire de Donald Trump en novembre, accentuant ainsi la pression sur les bons du Trésor.
Thierry Wizman, stratège mondial des taux de change chez Macquarie Group, a déclaré dans l’Economic Times : « Pour diverses raisons liées aux politiques budgétaires, tarifaires et migratoires, nous pensons qu’une éventuelle administration Trump en 2025-2028 sera plus inflationniste qu’une administration Biden ».
En outre, les commentaires de Jerome Powell, président de la Réserve fédérale, mardi, faisaient entrevoir des taux d’intérêt « plus élevés pour plus longtemps ».
Satisfait des progrès réalisés en matière d’inflation cette année, M. Powell souhaite voir davantage de résultats avant d’envisager une réduction des taux d’intérêt. « Nous voulons être plus sûrs que l’inflation baisse durablement vers 2 % avant d’entamer la réduction ou l’assouplissement de la politique », a-t-il déclaré.
Comme nous l’avons signalé dans le passé, les rendements des obligations canadiennes suivent les conditions économiques et les développements au sud de la frontière, lesquels influencent ainsi les taux hypothécaires.
Comment les taux hypothécaires fixes pourraient-ils être touchés ?
Après avoir constaté des réductions substantielles des taux fixes au cours des dernières semaines, certains spécialistes des taux préviennent désormais les emprunteurs de ne pas s’attendre à de nouvelles baisses dans l’immédiat.
« Les baisses de [taux] cesseront certainement, mais si le rendement des obligations atteint 3,60 % et se maintient, les taux des prêts non assurés grimperont probablement », a déclaré Ryan Sims, expert en taux chez CMT. « Vous direz également adieu aux taux fortement réduits sur les prêts assurés de 5 ans, bien que je puisse imaginer que le taux fixe de 4,89 % se maintienne. »
Cependant, les consommateurs à l’affût des meilleurs taux pourraient assister à une remontée, explique Ron Butler de Butler Mortgage.
« Les taux augmentent alors même que je vous écris », a-t-il déclaré à CMT, ajoutant que les grandes banques étaient « moins agressives » dans leurs taux discrétionnaires.
« La tendance ultime [pour les taux hypothécaires fixes] sera à la baisse, mais ce ne sera pas linéaire », a ajouté Butler.
Alors, qu’est-ce qui pourrait ramener les rendements obligataires et les taux hypothécaires sur une trajectoire descendante ?
« Avant d’abaisser les taux, on doit observer une diminution significative de l’inflation, explique M. Sims. Chaque mois, lorsque l’inflation dépasse les prévisions, on voit remonter les rendements obligataires. »
La Banque du Canada pourrait mettre plus de temps à neutraliser l’inflation à son taux cible de 2 %. De 2,7 % en avril, l’inflation canadienne est montée à 2,9 % en mai.
L’économiste en chef de BMO, Douglas Porter, a décrit l’inflation comme étant sur une trajectoire « cahoteuse » à l’avenir.
Cette évolution pourrait retarder l’allégement des taux pour les emprunteurs hypothécaires à taux variable. Ces taux sont directement corrélés aux décisions de la Banque du Canada et dépendent donc de la politique monétaire. Alors que les marchés anticipaient auparavant une baisse de taux d’un quart de point en juillet, les prévisions indiquent maintenant que cette réduction est plus probable en septembre.
Les experts guettent cette semaine la publication des données sur l’emploi au Canada et aux États-Unis.
Bruno Valko, vice-président des ventes nationales chez RMG, a écrit dans une note aux abonnés : « Le consensus du marché prévoit une hausse continue de notre taux de chômage à 6,3 %. À mon avis, nous avons désespérément besoin d’un soulagement sous la forme de taux d’intérêt plus bas. »
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Last modified: juillet 2, 2024