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Le Canada traverse-t-il une récession ? Les experts économiques se prononcent

Malgré une hausse du chômage et un ralentissement de la croissance du PIB par habitant, la plupart des économistes n’anticipent pas de repli majeur de l’économie canadienne.

Canada recession risk

L’économie canadienne pourrait affronter des obstacles dans les années à venir. Toutefois, la majorité des économistes ne prévoit pas de récession imminente. L’optimisme règne malgré les inquiétudes d’un possible ralentissement, avec des projections de reprise vigoureuse dès 2025.

Bien qu’il n’existe pas de définition officielle, une récession se caractérise généralement par au moins deux trimestres consécutifs de contraction économique.

Taux de chômage canadien

Certains indicateurs suggèrent que le Canada pourrait déjà être en récession. Depuis 2022, le produit national brut par habitant a reculé durant six des sept derniers trimestres. Le chômage a grimpé d’un point de pourcentage en un an, franchissant le seuil de la « règle de Sahm « , souvent utilisée pour signaler les prémices d’une récession.

Cependant, les critères définissant une récession au Canada diffèrent de ceux employés aux États-Unis, où cette règle a été initialement conçue.

D’après MM. Royce Mendes et Tiago Figueiredo de Desjardins, le seuil de la règle de Sahm au Canada se situerait autour de 1,1 %, contre 0,5 % aux États-Unis.

Michael Davenport, économiste chez Oxford Economics, estime que la question d’une récession canadienne dépend largement des paramètres utilisés.

Le dernier rapport d’Oxford Economics révèle une modeste croissance du PIB brut de 0,5 %. M. Davenport souligne que l’économie canadienne traverse indéniablement une période difficile. Le chômage devrait atteindre 6,6 % cette année, tandis que la consommation privée ne progresserait que de 1,7 %, bien en deçà des 5,1 % enregistrés en 2022.

« Que l’on qualifie ou non de récession la période actuelle, nous pensons qu’elle sera caractérisée par une faible activité économique, une hausse du chômage et, globalement, une performance médiocre de l’économie canadienne », a déclaré M. Davenport à Canadian Mortgage Trends.

Selon Oxford Economics, l’économie canadienne aurait connu une « croissance modeste » au deuxième trimestre 2024. Cependant, la société prévoit un léger ralentissement au T3, avec une contraction des dépenses de consommation. Oxford Economics, tout comme les économistes de BMO, TD et Desjardins, attribue les récentes difficultés économiques du Canada à divers facteurs, notamment la croissance démographique post-pandémique et les renouvellements hypothécaires en cours.

Signaux contradictoires

Comment expliquer que le Canada connaisse simultanément une hausse de la production par personne et une baisse du PIB par habitant ? Marc Desormeaux, de Desjardins Économies, note que ce recul du PIB par habitant est « une série jamais observée auparavant en dehors d’une récession ». M. Davenport explique cette apparente contradiction par le récent afflux d’immigrants, qui peut accroître la production totale par personne tout en diminuant le PIB par habitant.

Le Canada s’appuie depuis longtemps sur l’immigration pour soutenir son économie. Entre 2022 et 2023, la population du pays a augmenté d’environ un million de personnes par an, une croissance sans précédent provenant à la fois de nouveaux arrivants permanents et temporaires. Selon M. Davenport, cet afflux de nouveaux arrivants a contribué à la croissance économique des deux dernières années.

M. Davenport explique que lorsque la croissance du PIB est répartie sur une main-d’œuvre en expansion rapide, il en résulte une estimation plus faible de la production par personne : « La combinaison du ralentissement de la croissance du PIB post-pandémie et de cette forte poussée démographique a vraiment provoqué cette baisse du PIB par habitant. »

Quant au chômage, après avoir atteint un record de 13,7 % début 2020, il a chuté significativement au cours des deux années suivantes, atteignant un creux de 4,9 % en juillet 2022. Le chômage repart cependant à la hausse. En juin 2024, il avait grimpé à 6,4 %. Le chômage des jeunes de 15 à 24 ans a bondi à près de 14 %, l’un des pires taux depuis des décennies. Pour les immigrants résidant au Canada depuis moins de cinq ans, le taux de chômage avoisine les 12 %, selon Desjardins.

« Hormis la pandémie, le taux de chômage des nouveaux arrivants n’a pas été aussi élevé depuis que l’effondrement des prix du pétrole en 2014-15 a frappé le marché du travail canadien », ont écrit MM. Figueiredo et Mendes pour Desjardins. « À l’inverse, le taux de chômage reste très bas pour les résidents nés ici et ceux qui ont immigré il y a plus de dix ans. »

Les deux experts soulignent que cette hausse du chômage ne résulte pas de fermetures d’entreprises massives, mais plutôt d’une augmentation progressive. « L’absence de licenciements massifs a entraîné une hausse constante du taux de chômage, contrairement aux fortes augmentations observées en périodes de récession », ont-ils noté.

Oxford Economics prévoit que le taux de chômage canadien atteindra 6,9 % d’ici 2025, avant de redescendre à environ 6 % d’ici 2027.

Retour de la croissance après 2025 ?

L’économie canadienne devrait ralentir jusqu’à fin 2024 et en 2025, en raison d’une baisse des dépenses de consommation. M. Davenport attribue ce ralentissement à des taux hypothécaires plus élevés que prévu. En 2025, des millions de Canadiens feront face à des renouvellements hypothécaires à des taux bien supérieurs à ceux obtenus en 2019 et 2020, malgré les récentes baisses de taux de la Banque du Canada. « C’est essentiellement un frein pour l’ensemble de l’économie », affirme M. Davenport.

Parallèlement, on s’attend à ce que les entreprises ralentissent leur accumulation de nouveaux stocks. M. Davenport note que les niveaux de stocks ont augmenté rapidement depuis l’atténuation des problèmes de chaîne d’approvisionnement mondiale début 2023. « Nous pensons simplement que la croissance des stocks va ralentir à un rythme plus normal, plutôt que de continuer à augmenter aussi fortement », dit-il.

Ajoutez à cela des investissements plus faibles que prévu, et le résultat est une période de ralentissement de l’automne 2024 à l’été 2025. Cependant, la plupart des économistes s’attendent à ce que les baisses de taux de la Banque du Canada puissent relancer l’économie. Oxford Economics prévoit deux nouvelles baisses de taux de 25 points de base d’ici fin octobre. Fin 2025, le taux d’intérêt de référence du Canada devrait avoisiner 2,75 %.

D’autres prévisions, notamment celles de TD et CIBC, anticipent des baisses de taux encore plus agressives de la Banque du Canada cette année et l’année prochaine.

Bien que le Canada ne semble pas menacé par une récession généralisée, des opportunités pourraient se présenter pour les propriétaires capables de gérer un apport personnel ou de rester à jour dans leurs remboursements hypothécaires. La baisse des taux d’intérêt, associée à une possible augmentation des ventes de maisons en difficulté, pourrait créer davantage d’occasions pour les acheteurs financièrement préparés d’entrer sur le marché.

« Nous prévoyons une baisse d’environ 5 % des prix moyens des maisons au Canada, du niveau qu’ils atteignaient au deuxième trimestre jusqu’au quatrième trimestre de cette année », conclut M. Davenport.

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Last modified: août 16, 2024

Rédacteur torontois accompli, Brennan Doherty a vu sa plume s'illustrer dans une pléiade de médias prestigieux dont le Toronto Star, TVO, Maisonneuve, VICE World News, MoneySense, Future of Good et Strategy Online.

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