Je pensais qu’il serait vraiment difficile de faire plus chaotique que les événements de lundi au Parlement, mais il semble que je me sois trompé. Aujourd’hui à 14 h, la Réserve fédérale américaine s’est réunie, et, mon Dieu, les choses se sont rapidement intensifiées !
Les procès-verbaux publiés aujourd’hui par la Fed révèlent une réduction des taux inférieure aux attentes du marché. La Réserve fédérale prévoit en effet une baisse de 50 points de base de moins que prévu pour 2025.
Comme je l’ai souvent dit, ce qui importe n’est pas ce que disent la Fed, la Banque du Canada ou même une entreprise qui publient leurs résultats, mais ce qui importe plutôt c’est ce que le marché attendait. Si les nouvelles correspondent aux attentes, le marché reste indifférent. Mais quand il y a un décalage avec le marché, cela provoque une explosion explosive. Entrons dans le vif du sujet.
Les banques centrales soupèsent méticuleusement chaque mot de leurs communications. Ces institutions scrutent la moindre parole et anticipent son interprétation possible. Le discours d’aujourd’hui illustre parfaitement ce « langage Fed » si caractéristique. Le procès-verbal publié aujourd’hui contient deux éléments cruciaux qui ont captivé le marché :
- La Fed a revu ses prévisions à la baisse, n’anticipant plus que deux réductions d’un quart de point en 2025. Les baisses de taux se limiteront donc à 50 points de base au lieu des 100 points initialement prévus. Les marchés financiers devront par conséquent ajuster tous leurs instruments de 50 points. Tous les indicateurs financiers nécessitent désormais une réévaluation complète : bénéfices, flux de trésorerie, taux de change, devises et rendements obligataires. Les prévisions des marchés s’avèrent donc largement erronées.
- Rappelons que la Réserve fédérale poursuit un double mandat : la stabilité des prix et l’emploi. Le marché du travail fonctionne bien actuellement, dispensant la Fed d’intervenir. Le taux de chômage américain reste satisfaisant malgré tout. La Fed s’inquiète davantage du retour de l’inflation et craint qu’une baisse précipitée des taux ne la ravive. L’inflation mondiale remonte progressivement et préoccupe désormais davantage la Fed.
La Réserve fédérale occupe aujourd’hui une position enviable. Elle peut abaisser les taux au besoin sans y être contrainte.
Maintenant, comparons cela à l’oncle Tiff de la Banque du Canada qui est presque forcé de baisser les taux à chaque réunion en raison du déclin de l’économie et de la hausse des niveaux de chômage. (Même si le chômage ne fait pas partie du mandat de la BdC, il va de pair avec la santé globale de l’économie).
Le marché réagit : dollar canadien, actions et rendements obligataires
La publication de la déclaration d’aujourd’hui a déclenché de nombreux événements. Je vais maintenant vous les analyser et vous livrer mon opinion.
1. Le dollar canadien a été malmené, chutant de près d’un point de pourcentage en l’espace de deux heures. Le huard est passé sous les 70 cents lundi, et s’apprête maintenant à descendre sous les 69 cents. Cela élargira l’écart entre les taux à un jour américains et canadiens. Je suis vraiment à court de mots pour décrire l’effondrement complet du dollar canadien en 2024. Le marché des devises nous signale qu’il y a beaucoup de difficultés à venir. À un certain moment, nous verrons un rebond technique, mais ce jour n’est pas aujourd’hui, et demain ne s’annonce pas meilleur non plus.
2. Les actions ont accusé le coup, le Dow Jones chutant de plus de 1 100 points et le S&P 500 plongeant de près de 3 %. Cela est logique puisque les actions doivent maintenant tenir compte de futures hausses des taux d’intérêt. Les actions sont fonction du modèle des bénéfices futurs actualisés, et plus les taux sont appelés à être élevés, plus les actions baissent pour compenser ce fait. Honnêtement, les marchés boursiers ont atteint des sommets cette année, donc ce repli n’est pas surprenant. Les actions cherchaient une raison de se replier et de se réajuster, et l’annonce de la Fed aujourd’hui a fourni cette occasion parfaite au marché.
3. Taux d’intérêt Bon sang, comme les choses ont changé rapidement ! Après 14 h, le Trésor américain à 10 ans a augmenté de 12 points de base, oscillant maintenant à un niveau de résistance critique de 4,50 %, et celui à 2 ans a augmenté de 10 points de base. Un mouvement au-delà de 4,50 % entraîne les bons du Trésor américain à 10 ans beaucoup plus haut, et par défaut les rendements des obligations canadiennes à 5 ans.
Les obligations canadiennes à 5 ans ont augmenté de plus de 9 points de base pour dépasser le seuil psychologique de 3,00 %, bien au-dessus de la fourchette de 2,79 % observée il y a une semaine. Attendez-vous à ce que les prêteurs augmentent les taux fixes dans les jours à venir, alors obtenez ces préapprobations et envoyez toutes les demandes de baisse de taux ce soir ou demain avant que les taux ne grimpent. J’ai toujours pensé que les taux seraient plus élevés (que la plupart ne le pensent) et pendant plus longtemps (que la plupart ne le souhaitent). La réunion de la Fed d’aujourd’hui a juste montré que je ne suis pas seul à penser cela, et le marché obligataire réagit maintenant à la forte probabilité de taux plus élevés que prévu.
L’avenir des rendements obligataires et des taux hypothécaires
Si nous voyons le rendement du Trésor américain à 10 ans dépasser la zone des 4,50 %, alors le prochain niveau de résistance se situe convenablement autour de 4,80 %, soit 30 points de base plus haut. Si cela devait se produire, le rendement des obligations canadiennes à 5 ans pourrait facilement augmenter de 20 à 25 points de base pour s’établir dans une fourchette de 3,25 % à 3,30 %.
Les fluctuations des taux sont probablement ma plus grande préoccupation car elles compliquent l’emprunt, et les économies reposent sur l’emprunt d’argent. Des taux plus élevés représentent également un vent contraire pour les courtiers hypothécaires, le marché immobilier et les propriétaires.
Avec le taux de 5 ans flottant à 3,041 % ce soir, il existe une réelle possibilité que le rendement canadien à cinq ans termine l’année PLUS HAUT qu’à son début. Imaginez que l’économie s’effondre comme elle l’a fait, et que, pourtant, les taux terminent l’année plus haut. Imaginez que la BdC réduise les taux à un jour de 150 pdb, mais que l’obligation de cinq ans reste élevée.
Le marché canadien avait besoin d’accalmie après le chaos de lundi. Les investisseurs espéraient un apaisement de la volatilité et une fin d’année paisible. Jay Powell a toutefois choisi de terminer l’année en fanfare, et il a tenu parole.
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Last modified: décembre 19, 2024