par Nick Murray
Dans un nouveau rapport publié jeudi, le directeur parlementaire du budget (DPB) indique que 2,4 millions de ménages canadiens ont maintenant des «besoins impérieux en matière de logement» — c’est-à-dire qu’ils vivent présentement dans des logements inabordables, inadaptés ou inadéquats.
C’est 662 000 de plus que lorsque le Canada a lancé sa Stratégie nationale sur le logement, en 2017.
Cette stratégie vise à sortir 580 000 ménages des «besoins impérieux en matière de logement» d’ici 2028, ou du moins à réduire leurs besoins. Mais les dernières projections du DPB indiquent que le gouvernement est loin d’atteindre cet objectif.
Le DPB prévoit qu’il y aura en fait 926 000 ménages supplémentaires ayant des besoins impérieux en matière de logement d’ici 2028 par rapport à ce qu’il y avait au lancement de la stratégie en 2017.
Le rapport reconnaît par ailleurs que, sans les mesures d’accessibilité du gouvernement, 78 000 ménages supplémentaires auraient des besoins impérieux en matière de logement d’ici 2027.
Le terme «besoins impérieux en matière de logement» est une mesure d’accessibilité qui signifie qu’un ménage vit dans un logement qui a besoin de réparations majeures, qui n’a pas assez de chambres à coucher pour loger la famille ou dont les coûts (le loyer ou l’hypothèque, les services publics, l’impôt foncier) représentent plus de 30 % du revenu brut du ménage.
Le ménage aux «besoins impérieux» doit également habiter dans un secteur où le coût médian d’un logement est supérieur à 30 % du revenu brut.
Demande croissante en partie due à l’immigration
Le DPB souligne que les taux d’intérêt plus élevés lors du renouvellement d’une hypothèque constituent l’un des facteurs qui rendent la situation inabordable pour les familles propriétaires de leur logement.
«Même si le taux directeur a été réduit en 2024 et que nous anticipons qu’il continuera de baisser, le taux d’intérêt moyen des encours de prêts hypothécaires devraient demeurer plus élevé qu’en 2017», lit-on dans le rapport du DPB.
Pour les locataires, le DPB souligne que la hausse des coûts provient de la demande croissante — en partie due à l’immigration — ainsi que d’une pénurie persistante de logements en raison du retard dans les mises en chantier pour répondre à cette demande croissante.
Le DPB estime que les cibles fédérales d’immigration récemment abaissées pour 2025-2027 «viendront réduire la pression à la hausse sur les loyers, diminuant en partie l’écart par rapport à ce qui se serait produit si l’immigration avait continué à des taux historiques».
Le DPB a également comptabilisé les sommes dépensées par le gouvernement pour les programmes d’accessibilité au logement.
«Sur la période de 10 ans visée par la Stratégie nationale sur le logement du Canada, les dépenses sur des programmes axés sur l’abordabilité du logement se chiffrent en moyenne à 6,1 milliards $ par année», indique le rapport.
En tenant compte de l’inflation, le DPB estime qu’il s’agit d’une augmentation de 50 % des dépenses par rapport aux 10 ans précédant le lancement de la stratégie. Cela équivaut à environ 168 $ par personne chaque année.
«Le rapport du DPB d’aujourd’hui montre qu’après des décennies d’inaction fédérale en matière de logement, notre gouvernement fédéral fait des investissements historiques pour résoudre la crise du logement», a souligné le cabinet du ministre du Logement, Sean Fraser, dans un communiqué.
Les conservateurs ont pris pour cible les libéraux et les néo-démocrates, qualifiant la situation d’«enfer du logement».
«Justin Trudeau a promis de répondre aux besoins fondamentaux en matière de logement de 530 000 ménages d’ici 2027. Mais au lieu de cela, la situation ne fait qu’empirer», a déclaré le bureau de M. Poilievre dans un communiqué.
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Last modified: décembre 12, 2024