Le programme, présenté en octobre, autorise les propriétaires à refinancer jusqu’à 90 % de la valeur de leur bien immobilier (jusqu’à 2 millions de dollars) pour créer des suites secondaires destinées à une location longue durée. Les locations courtes comme Airbnb sont exclues.
Canadian Mortgage Trends a analysé les pour et les contre du programme dans un récent article. Le dispositif apporte des avantages notables aux propriétaires souhaitant rentabiliser leur bien ou réduire leurs charges grâce à la location. Cette initiative promet aussi de stimuler l’emploi et d’enrichir le parc immobilier.
Néanmoins, le programme reste vague dans ses détails, engendrant une incertitude qui freine certains courtiers dans leur soutien aux propriétaires en quête de refinancement.
« C’est squelettique », dit Connor Green, agent de prêt chez Concierge Mortgage Group, en référence aux informations et critères limités disponibles pour le programme jusqu’à présent. « Typiquement avec un produit de cette nature, on s’attendrait à quelque chose de beaucoup plus détaillé. »
Les propriétaires intéressés par le programme ont manqué d’informations suffisantes, surtout sur la présentation des demandes.
La Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), qui supervise le programme, a déclaré à Canadian Mortgage Trends : « Les propriétaires intéressés devraient contacter leur prêteur ou leur fournisseur de prêt hypothécaire. »
Les critères de qualification restent flous
Les critiques dénoncent le manque de clarté sur plusieurs aspects cruciaux du programme lancé le 15 janvier, particulièrement sur le financement, les échéanciers, les permis, le zonage et les inspections.
Tracy Valko, dirigeante de Valko Financial, réclame plus de clarté sur la gestion des fonds. « Les autorités parlent de refinancement, mais un refinancement classique libère les fonds à la signature… Cette procédure différera manifestement, il nous faut donc des directives précises », affirme la courtière hypothécaire.

Même la définition par le programme d’un « logement secondaire distinct » demeure floue.
Les propriétaires hésitent devant l’ambiguïté de l’incitatif principal pour leurs projets d’aménagement. Les différentes options — appartement en sous-sol, maison de fond de cour, pavillon ou simple cloisonnement — pourraient en effet se révéler incompatibles avec les futures directives gouvernementales, préviennent les experts.
Green soulève l’imprécision du terme « suite secondaire distincte ». « Cette description soulève plusieurs questions : annexe, unité détachée ou appartement en sous-sol ? Et qu’en est-il de la division d’un sous-sol en plusieurs unités ? Le type de projet admissible au financement reste flou », précise-t-il.
L’opportunité pour les propriétaires de maisons multigénérationnelles reste floue
Les propriétaires désireux de créer des maisons multigénérationnelles constituent une catégorie oubliée dans la conception et le suivi du programme. Ces logements, qui hébergent au moins trois générations familiales, méritaient pourtant une attention particulière.
Selon un rapport de Statistique Canada datant de 2021, le nombre de maisons multigénérationnelles a connu une hausse significative au cours des vingt dernières années. Entre 2001 et 2021, ce chiffre a augmenté de 50 %.
Ces maisons pourraient s’agrandir avec une aide adaptée. Les propriétaires privilégieraient les aménagements familiaux aux logements locatifs, notamment des studios pour beaux-parents ou des extensions intégrées.
Le nouveau programme fédéral néglige les propriétaires au profit des locataires. En effet, ce mécanisme de refinancement des logements secondaires privilégie uniquement la création d’unités locatives, sans tenir compte des besoins croissants des propriétaires-occupants.
La menace des tarifs douaniers accroît l’incertitude
Les tarifs douaniers américains à venir créent une nouvelle incertitude et risquent de renchérir les coûts de main-d’œuvre et de matériaux pour les rénovations du programme.
Le président Trump vient d’annoncer, dès son investiture le 20 janvier, une taxe de 25 % sur les importations canadiennes à partir du 1er février. Cette mesure commerciale menace peu les chantiers de rénovation canadiens, mais une riposte tarifaire déclencherait une spirale économique destructrice.
« Les coûts des matériaux et de la main-d’œuvre explosent au Canada », constate Mme Valko. « Les contraintes de temps inquiètent aussi—personne ne veut risquer d’avoir un logement inachevé en fin d’année… Cette situation explique la frilosité des prêteurs. »
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Last modified: janvier 24, 2025