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Les économistes commentent la baisse du taux directeur de la Banque du Canada de 25 points : comment vont évoluer les taux ?

La Banque du Canada abaisse son taux directeur à 2,75 %, marquant sa septième baisse d’affilée. Cette réduction de 25 points de base, pourtant anticipée, témoigne des efforts de la Banque pour composer avec les aléas économiques et les répercussions des tensions commerciales avec les États-Unis.

Economists react to Bank of Canada rate cut

La Banque du Canada affiche clairement sa prudence dans sa déclaration. Les responsables soulignent l’impuissance de la politique monétaire face aux effets d’une guerre commerciale. Les nouveaux tarifs assombrissent davantage les perspectives économiques.

Les économistes des grandes banques canadiennes analysent l’impact de cette situation sur les futures baisses de taux. Ils examinent comment la BdC jongle entre stimulation de la croissance et maîtrise de l’inflation.

Une coupe nécessaire, mais l’incertitude plane

Les analystes s’accordent : malgré les bonnes performances économiques début 2025, la BdC a dû agir face aux incertitudes commerciales.

Avery Shenfeld de la CIBC a comparé cette baisse des taux à « un pansement sur une blessure de taille inconnue ».

La BdC a reconnu l’existence de risques dans les deux sens, mais elle s’inquiète davantage des menaces pesant sur la croissance. Cette préoccupation justifie la baisse des taux. « Sans la menace commerciale, nous aurions pu envisager de modestes baisses supplémentaires, mais sans l’urgence d’assouplir aujourd’hui. »

Oxford Economics a mis en lumière le rôle déterminant de « l’incertitude élevée de la politique commerciale » dans la décision de la BdC. Sans le conflit commercial actuel entre les États-Unis et le Canada, la Banque aurait probablement maintenu ses taux. Les indicateurs économiques dépassaient en effet les attentes, tant pour le PIB que pour l’emploi et l’inflation.

La BdC va-t-elle continuer à baisser les taux ? Les experts sont divisés

La Banque du Canada reste prudente malgré cette baisse des taux. Les économistes anticipent une possible pause lors de la prochaine réunion.

Les Services économiques TD soulignent que la BdC préfère la prudence face aux risques de guerre commerciale, malgré des indicateurs économiques qui auraient pu justifier un statu quo sur les taux.

L’économiste principal James Orlando affirme que la banque centrale se protège contre un ralentissement face aux incertitudes tarifaires qui pèsent sur les entreprises et les consommateurs. TD prévoit encore deux baisses de taux d’ici juin pour atteindre 2,25 %, tout en soulignant les risques inflationnistes d’une baisse trop prononcée.

Oxford Economics partage cette analyse. L’organisation souligne la possibilité de nouvelles baisses de 25 points pour atténuer l’impact de l’incertitude actuelle. La BdC maintiendra toutefois ses taux au-dessus de 2,25 %, sauf en cas d’aggravation majeure des tensions commerciales.

Pendant ce temps, Services économiques RBC met en lumière l’ampleur de l’incertitude qui pèse sur la BdC, laquelle a supprimé ses orientations futures de sa déclaration. L’économiste en chef Frances Donald précise que la BdC maintient une position accommodante, mais « traverse une période particulièrement incertaine ». L’institution multiplie les analyses pour mesurer l’impact des tarifs douaniers.

Lors de sa conférence de presse aujourd’hui, le gouverneur Tiff Macklem a insisté sur ce point : « la politique monétaire ne peut pas compenser les conséquences économiques d’un conflit commercial prolongé. »

CIBC adopte une position plus souple et prévoit deux nouvelles baisses de 25 points en avril et juin. Ces baisses ramèneraient le taux directeur à 2,25 %, considéré comme le plancher possible de ce cycle. « Une guerre commerciale prolongée nécessiterait des réductions encore plus importantes si les tarifs persistent », prévient toutefois Shenfeld.

Prévisions actuelles des six grandes banques concernant le taux directeur et le rendement des obligations

  Taux directeur actuel : Taux directeur :
T2 25
Taux directeur :
T3 25
Taux directeur :
T4 25
Taux directeur :
T4 26
BMO_Logo transparent 2,75 % 2,50 %
(-25 pb)
2,25 %
(-25 pb)
2,00 %
(-50 pb)
 
2,75 % 2,25 % 2,25 % 2,25 % 2,25 %
National_Bank_of_Canada-Logo_transparent2 2,75 % 2,50 % 2,25 % 2,25 % 2,75 %
Logo RBC 2,75 % 2,50 %
(+25 pb)
2,25 %
(+25 pb)
2,25 %
(+25 pb)
 
2,75 % 2,75 % 2,75 % 2,75 % 2,75 %
2,75 % 2,25 % 2,25 % 2,25 % 2,25 %
 Les révisions des prévisions antérieures apparaissent entre parenthèses.
Mis à jour : 12 mars 2025

La guerre commerciale menace l’évolution des taux d’intérêt

La guerre commerciale entre les États-Unis et le Canada influence désormais principalement les décisions de la Banque du Canada. Pour les experts, les tarifs douaniers présentent un dilemme : ils freinent l’économie tout en poussant les prix à la hausse. Cette situation complique la planification des prochaines interventions de la BdC.

Services économiques BMO souligne les efforts de la BdC pour maintenir un équilibre entre le ralentissement économique et la hausse inflationniste causée par les tarifs. Les nouvelles prévisions de la banque anticipent désormais trois baisses consécutives d’un quart de point. Ces réductions successives ramèneraient le taux à un jour à 2 % en fin d’année.

« La faible croissance dominera probablement et les taux finiront plus bas que les attentes actuelles du marché, même si la Banque, par prudence, avancera très lentement », a écrit l’économiste en chef de la banque, M. Douglas Porter.

La Banque Nationale souligne l’inflation comme préoccupation majeure de la Banque du Canada, malgré une économie de plus en plus incertaine. La BdC s’inquiète des répercussions négatives d’une guerre commerciale sur la croissance. Elle durcit néanmoins son discours sur l’inflation, face aux attentes inflationnistes croissantes et à la volonté des entreprises de transférer leurs surcoûts.

« Les économistes de NBC ont souligné que ce n’est pas seulement l’évaluation de l’inflation qui nous a paru agressive. La Banque a en effet supprimé toutes les références à l’excès de capacité économique et à l’écart de production, déclarant que l’économie canadienne a commencé 2025 sur des bases solides, soutenue par une croissance robuste du PIB. Bien que l’économie soit en meilleure forme que prévu, nous pensons toujours qu’il existe un excès d’offre. »

Cette tension entre la croissance qui ralentit et les risques d’inflation qui augmentent était au centre du message du gouverneur Tiff Macklem lors de la conférence de presse après l’annonce, où il a précisé que la Banque n’avait pas “sérieusement envisagé” une réduction de taux plus importante de 50 points de base :

“Une guerre commerciale affaiblit la croissance tout en faisant grimper les prix et l’inflation. Notre défi consiste à équilibrer ces deux impacts. Dans ce contexte délicat, la prudence s’impose.”

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Last modified: mars 13, 2025

Steve Huebl is a graduate of Ryerson University's School of Journalism and has been with Canadian Mortgage Trends and reporting on the mortgage industry since 2009. His past work experience includes The Toronto Star, The Calgary Herald, the Sarnia Observer and Canadian Economic Press. Born and raised in Toronto, he now calls Montreal home.

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