Dans son dernier Regard annuel sur le risque, le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) avertit que plus d’un tiers des prêts hypothécaires canadiens, soit environ 36 %, devront être renouvelés d’ici la fin de 2026.
Malgré une baisse de 200 points de base des taux d’intérêt depuis juin 2024, de nombreux emprunteurs devront quand même faire face à des paiements plus importants au moment du renouvellement de leur prêt hypothécaire. Les taux initiaux étaient bien inférieurs.
Equifax Canada rapporte que 6 % des emprunteurs ayant renouvelé leur prêt hypothécaire en 2024 subissent une hausse mensuelle dépassant 500 $. La situation s’aggrave en Ontario et en Colombie-Britannique, où cette augmentation touche 10 % des renouvellements.
Le BSIF s’inquiète particulièrement pour deux groupes d’emprunteurs vulnérables : les titulaires d’hypothèques à taux fixe et ceux ayant des taux variables avec versements fixes. Leurs faibles taux initiaux les exposent davantage aux risques.
Les détenteurs de prêts à taux variable, mais à mensualité fixe subiront les hausses de paiement les plus brutales au renouvellement. Le BSIF a maintes fois tiré la sonnette d’alarme sur ces prêts. L’organisme redoute particulièrement l’amortissement négatif et le choc financier qu’une hausse des taux provoquerait après une longue période de taux bas.
Le BSIF constate que la baisse des taux atténue le choc des mensualités pour les détenteurs de prêts à taux variable, mais à paiement fixe. Cette situation pourrait toutefois raviver l’attrait pour ces produits hypothécaires.
Les défauts de paiement hypothécaire demeurent sous les niveaux pré-pandémiques au pays, mais grimperont avec la hausse des versements. Le Grand Toronto et le Grand Vancouver subiront davantage ces tensions à cause de leurs dettes hypothécaires et de leurs prix immobiliers plus élevés.
Les défauts de paiement hypothécaire ont poursuivi leur ascension fin 2024, selon Equifax. Les soldes en souffrance ont bondi de 43 % par rapport à l’année précédente. Par ailleurs, le taux des prêts hypothécaires dépassant…
Le BSIF souligne de nouvelles complications dans le marché des copropriétés canadien. L’accumulation de condominiums invendus crée une suroffre face au recul des acheteurs et investisseurs. Cette situation fragilise davantage le secteur immobilier.
Le BSIF met en garde : « Les segments vulnérables du marché pourraient avoir du mal à rembourser leurs prêts hypothécaires si l’environnement économique se dégrade, notamment à cause de la hausse du chômage et de l’incertitude liée au protectionnisme américain. »
Le BSIF resserre son contrôle des risques hypothécaires
Le BSIF a renforcé sa surveillance des prêts hypothécaires pour contrer ces risques grandissants.
« Nous surveillons continuellement les profils de risque des activités de prêts hypothécaires résidentiels des institutions grâce à des analyses avancées et à un cadre d’examen rigoureux pour assurer que les prêteurs hypothécaires respectent des normes de souscription prudentes et des pratiques de gestion de portefeuille et de comptes… », a déclaré l’organisme de réglementation.
Le BSIF rappelle aux prêteurs leur devoir d’accompagner activement les emprunteurs en difficulté financière.
Pour atténuer les risques, le BSIF impose des limites de rapport prêt-revenu (RPR) sur la part du portefeuille hypothécaire non assuré d’un prêteur, interdisant les prêts qui dépassent 4,5 fois le revenu de l’emprunteur.
« Le BSIF a renforcé sa surveillance des risques liés aux prêts hypothécaires et sa capacité à les maîtriser », indique l’organisme, précisant que cette mesure cherche à éviter « un surendettement des ménages ».
Le BSIF a modifié sa politique sur les renouvellements hypothécaires en exemptant les emprunteurs non assurés de l’obligation de réussir le test de résistance au taux minimum admissible lorsqu’ils changent de prêteur pour un renouvellement standard.
Ce changement permet aux emprunteurs de bénéficier d’une plus grande flexibilité pour dénicher des options de renouvellement compétitives, sans avoir à surmonter des obstacles supplémentaires à l’admissibilité, surtout en période de hausse des paiements hypothécaires.
D’autres risques soulignés par le BSIF
Au-delà du secteur immobilier, le BSIF considère que l’intégrité et la sécurité représentent les principaux risques pour le système financier canadien, surtout en raison des tensions géopolitiques croissantes et des menaces en matière de cybersécurité.
La situation expose à des risques accrus : le crédit de gros chancelle face aux incertitudes économiques, tandis que le financement et la liquidité affrontent la volatilité des marchés financiers.
arriérés BSIF Bureau du surintendant des institutions financières equifax Canada hypothèques à taux variable avec paiements fixes plafond prêt-revenu Regard annuel sur le risque Regard annuel sur le risque du BSIF RPR test de stress
Last modified: mars 15, 2025