Aucun allégement pour le Canada malgré le recul de Trump

Dans un revirement spectaculaire, le président américain Donald Trump a annoncé une suspension de 90 jours de ses nouvelles et vastes « réciproques » tarifs douaniers sur la plupart des nations – mais pas sur le Canada.

Les droits les plus élevés sont suspendus pour plusieurs pays, mais un tarif de base de 10 % restera en vigueur pour le monde entier, a précisé un porte-parole de la Maison-Blanche.

Le Canada ne verra cependant aucun allègement. Les droits de douane de 25 % déjà en place sur les voitures, l’acier et l’aluminium fabriqués au Canada restent inchangés, même lorsque Trump relâche la pression sur une grande partie du monde.

Le revirement est spectaculaire. Après une semaine de déclarations incendiaires, le président américain a finalement cédé. Les marchés financiers s’effondrent, les critiques fusent : Trump a succombé à la pression.

Devant la presse à la Maison-Blanche, le président a minimisé les craintes concernant ce revirement de politique, expliquant que la décision intervenait après que certains aient outrepassé leurs marques.

« Ils étaient sur les nerfs, vous comprenez, dit-il. Une pointe de nervosité, une touche d’appréhension. »

Aucun allégement pour le Canada

La guerre commerciale américaine épargne, du moins pendant 90 jours, la plupart des pays. Le Canada et le Mexique restent cependant à l’écart.

La Maison-Blanche confirme en effet le maintien de ses tarifs élevés sur les voitures et les produits industriels importés des deux pays.

Les exportateurs canadiens restent pénalisés, tandis que les industries nationales supportent des coûts élevés et l’incertitude. Ottawa travaille activement à obtenir une exemption.

Le gouvernement fédéral américain a annoncé mercredi l’extension de ses mesures de représailles. Il imposera désormais des tarifs similaires sur les véhicules importés des États-Unis. Cette riposte canadienne épargnera toutefois les pièces automobiles et les véhicules d’origine mexicaine.

Le maintien des pénalités risque de relancer les tensions commerciales entre Ottawa et Washington, alors que les industriels canadiens comptaient sur un assouplissement.

Des marchés effrayés, une Chine durement frappée

Trump a fait volte-face après plusieurs jours de chaos financier. Les marchés ont tremblé : les actions américaines se sont effondrées, le baril de pétrole a dégringolé et les taux d’obligations ont chuté.

Selon les analystes, ce délai de 90 jours trahit l’inquiétude de Trump face à la réaction de Wall Street concernant les répercussions économiques de ses décisions commerciales.

La Chine subit une nouvelle hausse des droits de douane, alors que le reste du monde respire. Les États-Unis imposent désormais des taxes à 125 % sur les produits chinois, intensifiant la guerre commerciale. Cette décision risque d’attirer les représailles de Pékin et d’accroître l’incertitude économique mondiale.

Au Canada, rien ne change. Malgré la volte-face de Trump, les exportateurs canadiens subissent toujours les mêmes lourds tarifs.

Réaction du marché mondial

Les marchés asiatiques ont été parmi les premiers à réagir aux nouvelles concernant les droits de douane. À Tokyo, Séoul et Hong Kong, les actions ont progressé légèrement, saluant le recentrage de Trump envers la plupart des pays. Les tensions renouvelées avec la Chine tempèrent toutefois l’enthousiasme, notamment pour les entreprises fortement exportatrices.

L’annonce de Trump concernant l’augmentation des droits de douane sur les produits chinois a provoqué une flambée des taux des bons du Trésor américain, celui de 10 ans dépassant brièvement les 5 %. Les rendements des obligations canadiennes ont suivi la même tendance, alimentée par une confusion initiale quant à l’impact potentiel sur le Canada.

Les rendements avaient suivi l’évolution des bons du Trésor américain durant la journée, avant de s’envoler après une suggestion inattendue du secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent. Celui-ci avait évoqué l’inclusion potentielle du Canada et du Mexique dans un tarif général de 10 %. Cette annonce a fait chuter les prix des obligations, mais un responsable de la Maison-Blanche a rapidement clarifié qu’aucun nouveau tarif ne serait appliqué.

Jeudi matin, les marchés nord-américains rouvrent sous surveillance attentive. La volatilité devrait persister tandis que les investisseurs tentent d’interpréter l’évolution des droits de douane et leur incidence potentielle sur la croissance mondiale.