Bien que l’inflation ait baissé à 2,3 % en mars, la Banque a averti que les attentes concernant l’inflation à court terme avaient augmenté, car les entreprises et les consommateurs anticipaient des perturbations commerciales.
Les emplois ont continué à diminuer en mars, ce qui a entraîné une détérioration des conditions de travail. De plus, les dépenses des ménages ont ralenti et les investissements des entreprises restent mesurés dans un contexte d’insécurité croissante.
La banque centrale canadienne s’engage à préserver la confiance des citoyens dans la stabilité des prix face aux perturbations économiques mondiales actuelles. Elle a ajouté que la politique monétaire « ne peut pas régler l’incertitude commerciale », mais qu’elle doit se concentrer sur la maîtrise de l’inflation et le soutien de la croissance économique.
Au lieu d’une projection traditionnelle, le rapport sur la politique monétaire (RPM) d’avril de la banque propose deux scénarios possibles, reflétant des résultats différents en fonction de l’évolution future du commerce international.
Scénario 1 : incertitude prolongée, mais dommages limités
Ce scénario plutôt favorable suppose que la plupart des tarifs douaniers seront finalement abrogés grâce aux négociations, bien que l’incertitude puisse persister jusqu’à la fin de l’année 2026. Dans cette hypothèse, la croissance du PIB ralentirait temporairement vers le milieu de l’année 2025, avant de se redresser progressivement pour atteindre un taux moyen d’environ 1,6 % par an jusqu’en 2027. L’inflation pourrait temporairement descendre en dessous de l’objectif de 2 % de la Banque centrale en raison de l’abolition de la taxe carbone, mais elle devrait se maintenir à ce niveau à long terme.
- Le taux de croissance du PIB ralentit, mais évite la récession, pour atteindre une moyenne de 1,6 % en 2025, soit un léger recul par rapport à la prévision de janvier (1,8 %).
- La progression économique se maintient à un niveau modéré, atteignant 1,4 % en 2026, puis s’accélérant légèrement pour atteindre 1,7 % en 2027.
- L’inflation devrait brièvement chuter à environ 1,5 % au milieu de l’année 2025 en raison de l’abrogation de la taxe carbone sur les consommateurs, avant de revenir plus tard à l’objectif de 2 %.
Scénario 2 : Guerre commerciale totale et récession
Dans cette hypothèse plus rigoureuse, un affrontement commercial international prolongé plonge le Canada dans une grave récession tout au long de l’année 2025, suivie d’une reprise lente et inégale. Le produit intérieur brut (PIB) connaîtrait une baisse importante, avec une moyenne négative estimée à environ -1,2 %. L’inflation dépasserait temporairement les 3 % en milieu d’année 2026, sous l’effet des tensions tarifaires persistantes, avant de retrouver son objectif de 2 % d’ici 2027.
- Le PIB se contracte pendant quatre trimestres consécutifs, ce qui entraîne une forte baisse, avec une croissance globale de seulement 0,8 % en 2025, suivie d’une autre baisse de -0,2 % en 2026.
- La croissance s’établit modérément à 1,6 % en 2027, reflétant les dommages importants causés à la production économique potentielle et aux revenus des ménages.
- L’inflation correspond au scénario 1 dans un premier temps, puis dépasse les 3 % en 2026 en raison de l’impact des tarifs, avant de se stabiliser et d’atteindre l’objectif de 2 %.


Pourquoi n’y a-t-il pas de prévisions de référence ?
La Banque a affirmé que l’instabilité et la rapidité des ajustements de la politique commerciale des États-Unis rendaient impossible une prévision économique conventionnelle.
« La politique commerciale américaine est imprévisible, elle change vite et beaucoup, ce qui entraîne une grande insécurité dans les perspectives économiques », note le rapport.
Tant que le chemin à emprunter ne sera pas plus évident, la banque a annoncé qu’elle agirait avec circonspection et se concentrerait sur sa mission en matière d’inflation. « Le Conseil des gouverneurs adoptera une approche prudente, en évaluant soigneusement les risques et les incertitudes qui affectent l’économie canadienne. « Nous nous efforcerons de préserver la confiance des Canadiens dans la stabilité des prix pendant cette période de turbulences mondiales.

Les économistes s’attendent à de nouvelles réductions si les tensions commerciales persistent
Le choix de la banque d’abandonner sa prévision de référence met en évidence l’instabilité de la situation actuelle. L’économiste en chef de BMO, Douglas Porter, souligne qu’en se concentrant trop sur l’interprétation détaillée de la déclaration de la banque, on risque de perdre de vue l’essentiel.
« Il est inutile d’analyser chaque terme de la Banque alors que l’économie mondiale pourrait connaître des bouleversements majeurs dans les prochaines semaines. La Banque, tout comme le reste d’entre nous, devra s’adapter et réagir à ces changements. »
M. Porter a affirmé que la « grande incertitude commerciale » devrait peser lourdement sur la croissance économique au cours des prochains trimestres. Cela devrait atténuer les pressions inflationnistes et ouvrir la voie à de nouvelles baisses de taux.
« Nous croyons que la profonde incertitude commerciale fera diminuer la croissance au cours des deuxièmes et troisièmes trimestres. Elle émoussera ainsi les pressions inflationnistes et incitera finalement la banque centrale à baisser à nouveau ses taux, ce qui est approprié dans un contexte de crises commerciales. »
D’ici à la fin de 2025, la plupart des six grandes banques s’attendent à ce que le taux directeur de la Banque du Canada s’établisse entre 2,00 % et 2,25 %.
Prévisions actuelles des six grandes banques concernant le taux directeur et le rendement des obligations
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Last modified: avril 16, 2025